Le dernier Défi Transformation Environnementale a dressé le 4 avril dernier un panorama des solutions proposées par le Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine et ses partenaires pour accompagner ses adhérents dans cette transition. De nombreuses entreprises membres du Club ont déjà adopté des bonnes pratiques comme l’écoconception dans leur stratégie RSE. L’arrivée de la CSRD quant à elle est vécue comme une contrainte, mais aussi une opportunité de structurer les démarches et de mieux communiquer. Des accompagnements existent, à travers des financements mais aussi l’offre de formation proposée par l’Université des ETI…
| Le Défi était proposé par Pierre Girard, Co-fondateur de Valorem, Vice-Président Transformation Environnementale du Club, et Julien Jimenez, animateur Transformation Environnementale du Club pour la Région Nouvelle-Aquitaine. La rencontre était accueillie à Hasparren par notre adhérent Mikel Charriton, dirigeant de Lauak : un fleuron de l’industrie basque, sous-traitant des constructeurs aéronautiques spécialisé dans les fuselages, aménagements intérieurs et pièces complémentaires. Un grand merci pour l’organisation et l’accueil ! |
L’écoconception : une démarche d’amélioration continue
L’association SOLTENA, partenaire de la Région*, représentée par Damien Deletraz, a partagé quelques grands principes sur l’écoconception, un des sept piliers de l’économie circulaire.
70 % des coûts et 80 % des impacts environnementaux sont définis lors de la conception des produits ou services !
La démarche d’écoconception consiste à mesurer les impacts à chaque étape du cycle de vie de son produit ou service, depuis l’extraction des matières premières jusqu’au recyclage. L’objectif est d’éviter des transferts d’impacts (sur la biodiversité par exemple). Elle se déroule en trois étapes : l’évaluation, l’amélioration et la communication (en toute fin, afin d’éviter de tomber dans le piège du greenwashing).
Il n’existe pas de label ou de certification sur l’écoconception, qui n’est pas une solution miracle, mais une démarche d’amélioration continue. Les leviers qui poussent les entreprises à s’y engager sont principalement la conviction des dirigeants, suivie du cadre réglementaire et de la recherche de nouveaux marchés.
(lire en encadré des témoignages d’ETI)
Quels financements pour soutenir sa démarche d’écoconception ?
La Région Nouvelle-Aquitaine, Bpifrance et l’Ademe proposent des aides financières aux entreprises qui souhaitent s’engager dans des démarches d’économie circulaire et en particulier d’écoconception.
Les études peuvent être financées jusqu’à 50 % du coût de la prestation, les investissements matériels jusqu’à 35 %. Pour chaque pilier de l’économie circulaire, la Région et l’Ademe s’appuient sur des partenaires, qui proposent un accompagnement technique de premier niveau et une orientation dans la sollicitation des aides régionales.
Marie-Lise Baraud, chargée de mission Economie Circulaire à la Région Nouvelle-Aquitaine, et Cédric Robin, délégué territorial de Bpifrance, ont listé les types de projets concernés.
Peuvent être financés notamment :
- Les projets d’achats responsables : pour optimiser sa stratégie d’achats responsables en s’appuyant sur des outils méthodologiques et des retours d’expérience.
Contact CCI : Laurence Bouhaben - Les projets d’écoconception : comment réduire son impact environnemental global, sur l’ensemble du cycle de vie du produit/service, selon une approche multicritère.
Contact : Damien Deletraz, Ingénieur Eco-conception chez Soltena - Les projets d’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC : comment faire passer la proposition de valeur de l’entreprise de la vente d’un bien à la vente de son usage par exemple).
Plus d’information. Contact : Sébastien Grall, Chargé de Projet EFC à ADI - Les projets d’écologie industrielle et territoriale : pour créer des synergies matières/déchets entre entreprises d’une même zone d’activité
Contact Apesa : Magali Silva - Les projets de recyclage des déchets
Contacts : référents techniques et territoriaux de l’Ademe et de la Région Nouvelle-Aquitaine - Les projets de substitution des emballages plastiques : dans le cadre du Plan Zéro Pollution plastique de la Région, un accompagnement technique de premier niveau gratuit est proposé.
Contact : Y. Curtan
Comment former ses équipes pour anticiper l’arrivée de la CSRD ?
L’Université des ETI est entrée dans sa phase active avec une première promotion de 10 entreprises engagées dans le premier parcours dédié à la directive européenne CSRD et à la mise en conformité de nos ETI. Le parcours co-construit sur-mesure propose aux participants de s’approprier le sujet, de travailler ensemble pour faire de cette contrainte une opportunité, et mutualiser les énergies et les coûts.
Au programme, cinq modules :
- Sensibilisation CSRD
- Analyse de double matérialité
- Ateliers thématiques sur les normes
- Analyse des écarts
- Formation au reporting.
« Les déchets vont coûter de plus en plus cher, a rappelé en conclusion Julien Jimenez. Il faut essayer d’en produire moins, et cela s’anticipe dès la conception. Il en est de même sur l’énergie, en détaillant dès la conception d’un produit l’ensemble de ses impacts. »
Une réflexion indispensable alors que la région Nouvelle-Aquitaine, comme d’autres, est en train de mettre en place l’éco-conditionnalité de ses aides…
| Cas ETI – Groupe Gascogne « Depuis un siècle, nous avons su concilier activité industrielle et préservation de l’environnement. » Williams Marquet, Directeur général délégué du groupe Gascogne, a présenté l’expérience de l’écoconception dans son groupe – éco-conçu par nature depuis sa création. Après la création de la forêt des Landes de Gascogne pour assécher les marécages, le groupe est né du besoin de trouver des filières pour le bois non utilisé par l’industrie. Il fabrique et vend dans le monde entier des produits en bois, en papier, des flexibles et des sacs en kraft : autant de capteurs de carbone. Ainsi, la quasi-totalité de ce qui est coupé est utilisé – jusqu’à en faire le principal combustible pour les usines du groupe, très énergivores. Aujourd’hui, Gascogne capitalise sur cette force à travers sa communication et ses relations institutionnelles. Le groupe est aussi allé encore plus loin en investissant dans une nouvelle machine à papier, un investissement colossal de 250 à 300 millions d’euros qui va permettre de réduire les consommations de vapeur de 40 %. Il travaille également à améliorer l’efficacité énergétique de ses usines, réduire les rejets atmosphériques et la production de déchets, augmenter le bio sourcing. |
| Cas ETI – VALOREM « Une installation photovoltaïque n’est pas forcément très polluante. » Pierre Girard, co-fondateur de VALOREM, l’ETI spécialiste des projets d’énergies renouvelables (en particulier éolien et photovoltaïque), a bousculé quelques idées reçues. VALOREM s’est en effet intéressé à l’écoconception et au recyclage des panneaux photovoltaïques. En fait, seuls 6 % d’entre eux ne sont pas recyclables, la majeure partie étant constituée de verre, alu, silicium… autant de matériaux recyclables. Les panneaux ne contiennent pas de terres rares. Le recyclage est un sujet essentiel, car dans les années 2030, de nombreux panneaux vont arriver en fin de vie. C’est le fabricant du panneau qui est responsable du recyclage. Aujourd’hui, c’est la structure ENVIE 2E qui s’en charge, mais de nouvelles structures devront être mises en place. « Une installation photovoltaïque fonctionnant 30 ans rembourse 10 fois sa dette énergétique » a rappelé Pierre Girard. |
| Cas ETI – SOKOA « Se faire accompagner dans sa démarche d’éco-conception est indispensable. » Claude Duplantier est le responsable bureau d’étude du fabricant basque de sièges de bureau. Précurseur, SOKOA été certifié NF dès 2010 et a mis en œuvre une véritable démarche d’éco-conception de ses produits, avec l’aide du cabinet Think+ et le soutien financier de la Région. Elle s’est déroulée en trois phases : la structuration de la démarche (analyse stratégique, analyse des produits et plan d’actions) ; le déploiement de la démarche à l’aide d’un outil dédié et de l’intégration dans le plan directeur de production ; et la structuration de la démarche commerciale et communication – l’écoconception constituant un avantage concurrentiel non négligeable. Les actions ont porté sur les approvisionnements, les composants, les émissions de gaz à effet de serre, le transport, le stockage… Et se poursuivent avec la recherche de matériaux recyclés ou biosourcés, la sensibilisation des services de R&D et la formation des bureaux d’études à l’écoconception. |
* SOLTENA est une association qui accompagne et met en réseau les acteurs économiques engagés aux côtés de la Région Nouvelle-Aquitaine dans la déclinaison opérationnelle de la stratégie Néo Terra. Elle s’appuie sur un réseau de 200 acteurs offrant des solutions environnementales dans les différentes filières (énergie, économie circulaire, biodiversité, eau, qualité de l’air…). https://www.soltena.fr/
